La trêve pascale avait pourtant bien commencé, mais la météo désastreuse de ce week-end n’était pas la seule mauvaise nouvelle dans le diocèse de Fréjus-Toulon. Très tôt ce lundi matin, on apprenait en effet qu’une pétition en ligne était lancée contre l’installation d’un ascenseur permettant d’accéder directement, en moins de trois minutes, au sanctuaire de la Sainte-Baume. Cela faisait des mois que dans le plus grand secret était mené ce projet pharaonique : permettre aux pèlerins de commodément accéder à la grotte sans avoir à monter à pied jusqu’au sanctuaire, par le moyen d’un ascenseur les menant directement depuis l’hostellerie jusqu’à l’intérieur du sanctuaire. Les premiers sondages de la roche avaient été effectués et tout démontrait la faisabilité technique du projet, les Compagnons du Devoir avaient recruté des tailleurs de pierre ayant travaillé sur le chantier de Notre-Dame de Paris, des quêtes avaient été réalisées sous des prétextes divers jusque dans les plus humbles villages et la somme nécessaire était réunie.

Mais c’était sans compter sur la hargne du pape secret des compagnons d’une autre société, qui ayant appris ce projet, fulmina tout aussitôt une condamnation sans appel et une pétition en ligne : le risque en forant la roche de violer le tombeau caché de Maître Jacques était trop grand. Les traditions les plus secrètes du compagnonnage allaient enfin être révélées et la corde à 14 nœuds des origines serait dévoilée, sortie de la boîte de Pandore. Et puis l’accès à la grotte où avait vécu la sainte Patronne des Compagnons ne pouvait s’effectuer que dans la souffrance qui, seule, permet le dépouillement nécessaire.

Plus d’informations à venir dès que notre envoyé spécial, le R.P. René Berlamt sera rentré de sa mission secrète.

[EDITING 3 avril] Quelques réactions reçues me laissent à craindre qu’il soit nécessaire de préciser ici qu’il s’agissait d’un poisson d’avril, une tradition que je m’efforce de respecter mais qui n’est manifestement pas du goût des pisse-froids. À ce propos, j’en profite pour saluer le R.P. René Berlamt puisque je sais qu’il scrute mes publications ici et sur Academia mais ne daigne pas répondre à un message amical que je lui ai adressé il y a déjà quelque temps.