POISSON D’AVRIL 2025

Une indiscrétion dans l’entourage d’Emmanuel Macron semble être à l’origine de l’extraordinaire nouvelle que révèlent les Dernières nouvelles d’Alsace ce matin : la construction de la seconde flèche de la cathédrale de Strasbourg a débuté dans le plus grand secret et s’achèvera dans très exactement cinq ans, le 1er avril 2030 !

C’est bien évidemment la réussite exemplaire de la restauration de Notre-Dame de Paris qui a incité les responsables à sortir des cartons ce vieux projet datant de 1419 et signé de Jean Hültz. On rappellera que la ville de Strasbourg et ses musées ont fait l’acquisition de ce parchemin inestimable en 2023.

La cagnotte restante après les travaux des fonds levés pour Paris a elle aussi facilité les choses : bien sûr, cet argent est insuffisant pour mener à bien la construction, mais il a été suffisant pour financer les études préliminaires et soutenir l’effort financier de la ville de Strasbourg pour l’acquisition du plan de 1419 (pour mémoire, 1.750.000 €).

Par ailleurs, les élus nationaux et locaux ont pris conscience que la réédification de la flèche de la basilique de Saint-Denis, un projet très contestable mais finalement assez peu contesté, leur offrait sur un plateau d’argent le modèle même de l’argumenteur pour vendre leur idée aux citoyens : faire passer au second plan l’intérêt même de la chose sur le plan patrimonial (mais s’en servir sur le plan marketing) et mettre au premier plan l’intérêt touristique et économique ! Sans compter l’argument-massue qu’est, outre les emplois créés, la préservation des savoirs traditionnels des métiers et la transmission de ceux-ci à la jeunesse.

Concernant ce volet auquel on ne saurait être que favorable, il ne nous a pas été possible d’apprendre quel était le nom du futur chef de ce chantier prestigieux. Si le nom de Philippe Villeneuve a bien sûr été évoqué, il semblerait que des candidatures issues du monde des artisans tiennent plutôt la corde auprès des élus zélés. Il a été ainsi question de débaucher quelqu’un du chantier de Guédelon, qui s’achève sur un immense succès touristico-économique, ou bien du même genre de modèle d’archéologie du bâti reconstitutive, mais il a été objecté que le look médiéval, genre habillé en vieux sacs à patates serrés à la ceinture par une ficelle à 13 nœuds et un faciès style Salavatore dans Le nom de la Rose, n’était finalement pas garant de réussite sur le plan de la communication. Il semblerait aux dernières rumeurs que la préférence se porterait plutôt sur le look anarcho-syndicaliste façon compagnon charpentier des années 1890 (style Jeune Garde mais cool) et l’on attend fébrilement la réponse d’un chef de chantier ultra-compétent mais exilé en Guyane.

Il se murmure également qu’une mystérieuse organisation compagnonnique, le Compagnonnage Myste Intergalactique, viendra apporter son concours au projet afin de grassieusement compenser la perte du rayon vert en attendant que la justice condamne la DRAC à le restituer à ses fidèles.

Dans l’immédiat, on assistera dans quelques jours au lancement de la souscription internationale dont on attend qu’elle permette d’enfin élever la seconde flèche de Notre-Dame de Strasbourg. L’idée est simple et lumineuse : chacun est invité à financer une des pierres et en contrepartie celle-ci sera gravée à son nom et il lui sera également attribué une vraie marque de compagnon tailleur de pierre !